CONFINEMENT/DECONFINEMENT, UN SEUL MOT D’ORDRE : SOYEZ INDULGENTS AVEC VOUS-MEME
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« J’ai peur de sortir, est-ce normal ? », « Je me sens très seul(e) malgré le déconfinement, est-ce normal ? »
« Je n’arrive pas à faire une journée entière de télétravail, je suis nul(le) », « Pendant le confinement je n’ai pas pu faire mes courses, voir les files d’attente a été un choc » « Je me sens bien dans ma bulle, et j’ai peur de ne plus jamais pouvoir retrouver du plaisir à faire ce que je faisais avant »
Voici quelques phrases que j’ai pu lire ça et là sur les réseaux sociaux ou prononcées par mes patients.
Aux angoisses provoquées par cette pandémie et au choc d’un confinement brutal, auquel il a fallu s’adapter, s’ajoute la peur de ne pas être « normal », de ne pas « assurer », face à ces circonstances exceptionnelles.
Je rassure mes patients, je leur demande d’être indulgents avec eux-mêmes.
Ils font, nous faisons tous, face à un véritable séisme qui a bouleversé nos vies. Il a fallu s’adapter en quelques heures à un confinement qui a modifié nos habitudes, nos rapports aux autres, notre travail, l’école, notre vie tout court.
Il est parfois déjà difficile de s’adapter à une seule modification de notre vie : nouveau travail, nouveau cadre de vie, mariage, alors quand tout est changé en même temps ? Qu’à cela s’ajoute la peur pour notre vie et celles de nos proches ?
Ceux qui sont restés à la maison ont parfois eu des conditions de vie désastreuses : télétravail des parents avec enfants dans les jambes et un petit appartement, bruit permanent, aucune intimité, et des couples ont quelquefois explosé. Ceux qui ont tout à coup dû fermer leur activité ont fait face à de grandes angoisses concernant leur survie financière. Ceux qui ont continué à travailler sur leur lieu de travail l’ont fait la peur au ventre, et, pour certains, notamment les soignants, dans des conditions de stress extrême.
Notre liberté de décider ce que nous faisons de notre temps a été mise à mal.
Nous avons été séparés, parfois définitivement, de nos proches, famille et amis. Nous ne pouvons plus les serrer dans nos bras.
Nous avons dû nous adapter à de nouvelles formes de travail et d’école.
Nous avons dû faire des queues pour nous nourrir, queues qui nous renvoyaient à celles que nous pouvions voir dans des reportages sur les pays de l’Est il y a 50 ans, avec ce que cela véhiculait de peur de manquer.
Nous avons été confrontés pour certains à l’extrême solitude. A l’ennui.
Nous avons eu des informations complètement anxiogènes et incohérentes.
Dans ces circonstances, nous nous sommes malgré tout adaptés, remarquablement vite même. Certes, malgré ce qui a été dit ce n’est pas une guerre. Mais c’est un choc et un vrai traumatisme.
Nous avons fait avec nos moyens intérieurs, notre histoire. Et nous avons fait face.
Et nous pouvons nous applaudir.
Le déconfinement n’est pas plus simple que le confinement : vais-je retravailler ? Si oui quand et comment ? Comment faire garder mes enfants ? Comment vais-je m’en sortir financièrement ? Combien de temps cela durera-t-il ? Puis-je sortir sans risque ? Combien de temps cela va-t-il durer ? Risquons-nous un nouveau confinement ? Vais-je être malade ? Vais-je mourir ?
Les mêmes médiaux qui ont grandement contribué à nos angoisses continuent à nous abreuver d’informations anxiogènes desquelles il faut se méfier. Qui croire ? Que croire ? Cela ajoute une difficulté supplémentaire à ce que nous vivons.
Dans les circonstances actuelles, un seul mot d’ordre : soyons indulgents avec nous-mêmes.
Prenons le temps de faire à notre rythme. Ne nous jugeons pas trop fort si nous avons les sentiments de ne pas y arriver. Il est naturel d’avoir des difficultés à trouver nos marques. Nous ne sommes pas égaux, ni parce que nos conditions de vie, d’habitation, ne sont pas toutes identiques, ni parce que nos ressources intérieures ont été fortement sollicitées. Les circonstances ont réveillé des monstres et des angoisses que l’on croyait endormis.
Nous devons nous réinventer, tout réinventer, cela demande de l’énergie, parfois du temps.
Soyons indulgents !